Mathieu Jeanne : « Ces championnats du monde sont excellents « 

L’équipe de France, à domicile, a terminé à la troisième place du classement des nations avec 17 médailles, dont six titres, lors des championnats du monde sur piste du 20 au 23 octobre 2022. Sur l’anneau de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui accueillera les épreuves paralympiques dans moins deux ans, les Bleus ont été devancés par l’Angleterre (28 médailles dont 20 en or) et l’Australie (19 médailles dont 7 en or). Pour Mathieu Jeanne, l’entraîneur national, les Tricolores ont répondu aux attentes et placé de belles promesses dans l’optique de Paris 2024.

Comment qualifieriez-vous le bilan tricolore ?
Mathieu Jeanne  : Avec 17 médailles, 6 en or, 5 en argent et 6 en bronze, le bilan est excellent. Il y a eu des surprises, des confirmations et des progressions. Avec cette 3e place au classement des nations, on progresse puisque nous avions fini 4e lors des derniers championnats du monde.

On aurait aimé une médaille en tandem du duo Raphaël Beaugillet Quentin Caleyron. Au rang des surprises, il y a le bronze de Christelle Ribault (WC2), au 10 km scratch. En dehors du vélo, elle est coach pour les abonnés du vélodrome de Saint-Quentin. Être à la maison devant pas mal de supporters lui a permis d’aller chercher cette 3e place.    

Consultez le site officiel : mondiauxparacyclisme2022.com

Placés à deux ans des Jeux, sur la piste où vont se dérouler les épreuves de Paris 2024, ces championnats du monde avaient forcément un caractère particulier pour vous ?
M.J : C’était très important parce que toutes les nations et les meilleurs étaient là. Il y avait 38 nations et le niveau était très relevé parce que ces championnats du monde permettaient de glaner des points dans l’optique des quotas pour les Jeux Paralympiques. Cela permettait aussi de prendre des repères sur cette piste.

Comment se caractérise cette piste ?
M.J : Elle est assez rapide dans le sens où ce sont de longs virages et de petites lignes droites. Elle est moins difficile que celle de Roubaix où l’on s’entraîne en stage et qui comprend des lignes droites un peu plus longues. C’est aussi un avantage de s’entraîner sur une piste un peu difficile. Du coup, sur des pistes comme celles de Saint-Quentin en Yvelines, ça peut leur paraître plus facile.

Les jeunes au rendez-vous, Alexandre Léauté au sommet

Quels sont les enseignements que vous tirez de ces épreuves ?
M.J : Il y a eu les bonnes performances de nos jeunes. Témoin, la médaille d’argent de Heïdi Gaugain sur la poursuite individuelle, derrière la légende du paracyclisme handisport mondial, Sarah Storey (Grande Bretagne). A même pas 18 ans, Heïdi est en avance. Ce qu’elle fait est très bon et on imagine que ce sera encore mieux dans deux ans.

Je retiens aussi les deux médailles de bronze du tandem féminin Elise Delzenne et Anne-Sophie Centis (non-voyante), qui n’a même pas huit mois. On veut augmenter le niveau chez les filles pour avoir davantage de résultats. Ces performances démontrent que nos projets font sens. J’ai aussi en tête les promesses posées par Florian Chapeau et Gatien Le Rousseau.    

Parallèlement, il y a aussi les très belles performances d’Alexandre Léauté (C2), quatre fois en or, de Dorian Foulon (C5) et Marie Patouillet (C5)…
M.J : Ils vont devoir confirmer encore et encore et durer pour rester très performants aux Jeux de Paris. Dorian confirme et Alexandre progresse encore, en écrasant vraiment ses adversaires. Il a établi des records du monde sur les trois épreuves auxquelles il a participé. C’est impressionnant mais on est en handisport donc il peut y avoir un nouveau coureur qui arrive, d’autres qui progressent. Il faut donc rester en alerte permanente.

Rester en alerte 

Comment surfer sur ces bons Mondiaux, sans se laisser griser par ces résultats ?
M.J : Il y a encore des choses à travailler. Par exemple, le tandem Raphaël Beaugillet/Quentin Caleyron a terminé deux fois 4e en vitesse. Le tandem Maxime Gressier/Alexandre Lloveras a aussi fini 4e en poursuite. Il y a un peu d’écart avec la 3e place donc il va falloir trouver les solutions pour améliorer les temps. Je pense aussi à Kévin Le Cunff. C’était la fin de saison mais on doit chercher des solutions pour qu’il exprime pleinement ses qualités, parce qu’il a un réel niveau mais il n’arrive pas à le démontrer sur piste.

Un mot sur l’organisation et sur la réponse du public français ?
M.J : L’organisation était parfaite. On a eu la chance d’avoir des écoles, des supporters d’un ou de plusieurs athlètes qui étaient en nombre et qui ont mis l’ambiance. Ça changeait de Tokyo, où il n’y avait personne, Covid oblige. Ce sont les premiers championnats du monde que je fais où il y avait autant de public.

Comment essayer de se rapprocher des Anglais ?
M.J : Cela va passer par un important travail de fond. Les rattraper d’ici les Jeux de Paris, c’est impossible. Pour se rapprocher, il faut développer le paracyclisme féminin, grossir nos rangs dans les catégories de handicap les plus grands parce que l’on manque de coureurs (MC1, WC1). Et faire en sorte que les trois jeunes, Heïdi Gaugain, Florian Chapeau et Gatien Lerousseau progressent vite pour tenir leurs promesses.   

Rédaction : J. Soyer


Les 17 médailles françaises

6 or

Alexandre Léauté (C2) sur Omnium/15 km scratch/1 km contre-la-montre/3km poursuite individuelle.
Dorian Foulon (C5) Poursuite individuelle/Omnium.

5 argent

Vitesse par équipe (Léauté, Foulon, Le Cunff) 750 (C1-C5).
 Marie Patouillet (WC5) omnium/Poursuite individuelle.
Dorian Foulon 15 km scratch.
Heïdi Gaugain 3km poursuite individuelle.

6 bronze

Marie Patouillet 10 km scratch
Heïdi Gaugain omnium
Christelle Ribault (WC2) 10 km scratch
Alexandre Lloveras-Maxime Gressier – Anne-Sophie Centis-Élise Delzenne 750 vitesse par équipe
Anne-Sophie Centis-Élise Delzenne (Cat B) 3km poursuite individuelle
Dorian Foulon 1000 m contre-la-montre.


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