Déception pour le clan français au Brésil

L’équipe de France arrivait avec de légitimes ambitions à Rio de Janeiro pour ces championnats du monde disputés à Barra da Tijuca du 6 au 13 décembre, sur le site qui a accueilli les épreuves paralympiques en 2016. Malheureusement, les résultats ont été en deçà des attentes. Il va falloir tirer les enseignements de cette épreuve mais aussi se souvenir de cette belle année marquée par de nombreux podiums sur les coupes du monde. Il ne faut donc pas remettre en question mais plutôt se servir des observations faites à Rio pour avancer et progresser. Marie-Pierre Leblanc, manager performance de la discipline au sein de la commission boccia de la Fédération Française Handisport, dresse le bilan.    

Quel sentiment vous anime à l’issue des championnats du monde ?
Marie-Pierre Leblanc : Il y a beaucoup de déception. Nous espérions mieux. Nous sommes passés à côté. Nous allons débriefer. Les pays asiatiques ont dominé ce championnat du monde. La Grèce est la seule nation européenne, sur les six engagées, à être sortie de sa poule par équipe.

La paire BC3, éliminée en poule, peut nourrir de sérieux regrets au regard de sa saison ?  M-P. L : Oui. Cette équipe est montée sur le podium lors de trois tournois sur quatre cette année. Mais cette fois ce n’est pas passé. Sur le premier match, ils mènent et ne temporisent peut-être pas assez lors de la troisième manche. Sur le deuxième match, ils sont menés avant de remonter quatre points. Mais ça n’a pas suffi.

Comment expliquer cela ?
M-P. L : Techniquement, ils ont répondu présents. Tactiquement, je pense qu’il y a eu quelques problèmes de choix. L’absence de stage avant cette épreuve peut en partie expliquer cela. Même s’il y a eu un bon suivi, la cohésion n’a pas pu être travaillée. Le jeu par équipe demande des mises en situation. Cela fait partie des enseignements que l’on doit retenir pour la suite.        

Quel regard portez-vous sur les épreuves individuelles ?
M-P. L : Aurélie Aubert, Yvannh Mitory (BC1 tous deux) et Dorian Decarme (BC4), qui participaient pour la première fois aux championnats du monde, ne sortent pas de leur poule. Ils ont eu de bonnes sensations mais ça n’a pas suffi. On aurait aimé une bonne surprise mais leur résultat final correspond à leur classement international.

Que leur a-t-il manqué ?
M-P. L : En termes de préparation et d’approche, je pense que tout avait été mis en place avant de partir. Même si, malheureusement, nous n’avons pas pu faire de stages depuis le dernier tournoi international (en septembre 2022), il y a eu un suivi important du staff à distance : vidéos hebdomadaires des entraînements, visio, appels téléphoniques, retour sur programmation… Je pense qu’ils ont été un peu timides sur leur premier match respectif. Sur les rencontres suivantes, nous avons vu un vrai changement, avec une meilleure expression de leur jeu. C’est encourageant pour la suite. Le travail avec la préparatrice mentale, Eve Beaulaigue, a apporté un plus.

Le coup n’est pas passé loin pour Samir Van der Becken, en revanche ?     
M-P. L : Il ne sort pas des poules pour un point. Il perd un match et en gagne un… C’est dommage parce qu’il a battu le champion du monde en poule.

Sonia Heckel, qui partait n°2 mondiale, s’est arrêtée en quart…
M-P. L : Oui, c’est vraiment dommage. Elle a fait un très bon tournoi jusqu’au quart de finale. Tout était abouti. Elle est sortie première de poule, a bien poursuivi en 8e de finale… Mais quand ça ne veut pas passer… En quart, elle n’a pas démérité, elle a tenu tout le match mais a cédé contre l’Australienne Jamieson Lesson.

Comment qualifieriez-vous le bilan individuel ?
M-P. L : C’est mitigé. Pour les novices, ils sont dans leur ranking. C’est une première amorce et il y a eu de bonnes sensations. Ils n’ont pas lâché jusqu’au bout. C’est de bon augure pour la suite mais il y a encore du travail.

En revanche, il y a de la frustration et de l’amertume pour Sonia au regard de sa très belle saison sportive (trois tournois, trois médailles 1 or et 2 argent). Elle a tout mis en place pour monter sur le podium au championnat du monde mais malgré sa montée en puissance, cela ne s’est pas concrétisé.   

Comment s’est passée l’acclimatation du collectif par rapport au climat et au long voyage ?
M-P. L : Une Coupe du monde initialement prévue au Canada au mois d’avril s’est finalement tenue à Rio. Tous les sportifs présents sur ces championnats du monde étaient donc déjà venus. Nous avions donc pu prendre des repères sur le plan logistique et par rapport au voyage en avion. Une fois quelques adaptations effectuées, le vol s’est bien passé. Les conditions climatiques étaient plus pesantes qu’en avril (chaleur et humidité).

En ce qui concerne le décalage horaire, nous sommes arrivés quelques jours avant le début des compétition et avons pu nous acclimater.

Quel est le programme des Bleus désormais ?
M-P. L : Il y a eu des choses positives et je le redis, nous avons fait une belle saison. C’est dommage de ne pas avoir concrétisé sur ces championnats du monde, l’épreuve majeure de 2022. Évidemment, nous sommes un peu dépités mais nous allons rebondir, aller de l’avant, parce que l’année 2023 va être importante et dense. Après une période de repos, nous allons nous retrouver en stage dès le mois de janvier pour préparer la saison 2023, avec notamment les championnats d’Europe du 5 au 15 août, à Rotterdam et les Jeux de Paris en 2024.    

Rédaction : J. Soyer


Le parcours de la paire BC3, éliminée en poule : France – Espagne : 2-5. France – Japon : 4-6. France – Australie : 0-8.

Dorian Decarme (BC4) : éliminé en poule sans victoire

Aurélie Aubert (BC1) : éliminée en poule

Yvannh Mitory (BC1) : éliminé en poule

Samir Van Der Becken (BC3) : éliminé en poule

Sonia Heckel : 1re de poule. Éliminée en quart

Finale : Australie – Thaïlande : 5-3. 

Podium BC3 : 1. Australie, 2. Thaïlande, 3. Hong Kong.

Le staff français

Marie-Pierre Leblanc (manager performance), Claudine Llop (assistant sport BC1), Fanny Nespoux, Orianne Demaret (assistantes), François Schraen (entraîneur BC3), Samuel Pacheco (entraîneur BC4). Laurence Le Franc (staff médical). Eve Beaulaigue (préparatrice mentale).