À Zurich, la France roule encore sur l’or

À peine le temps de profiter de la razzia réussie en France (28 médailles dont 10 en or) lors des Jeux paralympiques que les Bleus remettaient le métier sur l’ouvrage pour les championnats du monde sur route à Zurich (Suisse) du 22 au 29 septembre 2024. Les Tricolores, portés par Mathieu Bosredon (catégorie H3), doublé médaillé d’or, ont confirmé leur domination sur la scène internationale (25 médailles dont 8 en or). La relève, à l’image de Mattis Lebeau (or et argent en C4), a aussi marqué les esprits. Mathieu Jeanne, l’entraîneur national dresse le bilan de ce championnat où la France a terminé deuxième meilleure nation, derrière les Hollandais, treize médailles seulement, mais dix titres.

L’équipe de France de para-cyclisme n’en finit plus de marquer les esprits. Après l’énorme démonstration de force assurée aux Jeux paralympiques de Paris (28 médailles dont dix en or), les Tricolores ont enfoncé le clou lors des championnats du monde sur route organisés à Zurich (Suisse), Tout au long de cette semaine, les Bleus ont sans préparation particulière, ni objectif de performance affichés, surfé sur leur forme du moment… Et pour la plupart, parfaitement exploité l’élan positif de Paris 2024. Ils concluent ce mondial sur route avec 25 médailles, dont 8 en or, 9 en argent et 8 en bronze. Insatiables. 

Mathieu Jeanne, les Paralympiens avaient-ils carte blanche pour disputer ou non ces Mondiaux ?
Exactement. Nous n’avions fixé aucun objectif précis sur ces championnats du monde. Un rendez-vous dont les points ne compteront pas pour la qualification aux Jeux de Los Angeles 2028. Les athlètes avaient le choix ou non d’y aller, de manière individuelle. La Fédération a mis en place un staff, avec deux entraîneurs et deux mécaniciens. C’est la raison pour laquelle Dorian Foulon a fait le choix de ne pas en être. Heidi Gaugain, elle, n’a pu participer qu’au contre-la-montre parce qu’elle reprenait ensuite ses cours. En revanche, les sportives et sportifs n’ayant pas pris part aux Jeux devaient avoir rempli des critères (un top 3 en Coupe du monde) pour s’engager à Zurich.

Dans ce contexte, ces 25 médailles, dont 8 en or, doivent vous ravir ?
Oui. Le bilan est meilleur que lors des championnats du monde sur route de Glasgow en 2023 (6 or, 7 argent et 10 bronze, soit 23 podiums au total). Pourtant, ce fut compliqué pour certains athlètes d’afficher leur meilleure forme dans la continuité des Jeux et des cérémonies qui ont découlé de leurs performances à Paris. Clairement, tous les paralympiens étaient en moins bonne forme, et c’est normal. C’est donc d’autant plus intéressant de les voir gagner ainsi, sans objectif affiché.

Comment avez-vous fait pour aider les athlètes présents aux Jeux à entretenir une certaine dynamique ?
Nous n’avons quasiment jamais parlé de ces championnats du monde. Ils étaient secondaires parce que le seul vrai objectif de l’été était Paris 2024. Ce rendez-vous suisse était uniquement pour les athlètes, pour leurs sponsors et leur palmarès. En ce sens, c’est une grande satisfaction de terminer avec un bilan aussi brillant. 

Mattis Lebeau, la révélation, Mathieu Bosredon intouchable       

Parmi les satisfactions, il y a le nouveau doublé de Mathieu Bosredon, déjà trois fois sacré à Paris ?
Oui. Il est désormais dans sa bonne classe de handicap (H3) et démontre toute sa puissance et sa régularité. Invaincu sur les épreuves phares, il a fait une très belle saison, Mais il va falloir continuer à travailler pour continuer à accroître les écarts avec les poursuivants et se préserver d’une mauvaise surprise parce qu’on le voit, de nouveaux coureurs peuvent arriver de manière assez soudaine sur le circuit international.

En atteste, l’arrivée gagnante de Mattis Lebeau, médaillé d’or sur le chrono, pour ses premiers Mondiaux ?
Oui. Mattis, 25 ans, évolue en valide en DN1, comme Kévin Le Cunff et a gagné deux belles courses en valide. C’est d’ailleurs Kévin qui l’a repéré dans les pelotons et qui lui a suggéré de rejoindre le circuit handisport. Il a suivi les Jeux à Tokyo parce qu’il est éligible depuis 2020, mais il lui a fallu du temps pour se projeter sur des épreuves parasportives. Il a été classifié très récemment, C’est un rouleur, un baroudeur comme on dit. Il gagne souvent ces courses, seul, en mode rouleau compresseur.

Cela densifie encore un peu plus un secteur où la France compte déjà de nombreux cadors ?Exactement. Hormis en C1 et H1, nous avons du monde sur chacun des podiums côté masculin. On affiche clairement un excellent niveau, sachant que Florian Chapeau, également très performant en C2, n’a pu prendre part à ces Championnats du monde. En revanche, il nous manque encore de la densité chez les femmes. Nous devrons travailler sur cet aspect pour arriver encore plus fort aux Jeux de Los Angeles.       

La relève pointe déjà le bout de son nez

Un mot sur le bilan d’Alexandre Léauté qui a décroché son vingtième titre en mondial en remportant la course en ligne mais médaillé d’argent sur le chrono…
Sur le chrono, on savait le Belge Ewoud Vromant très costaud sur le contre-la-montre. Aux Jeux de Paris, sur un circuit ayant plus de bosses et de virages, donc qui lui était favorable, Alexandre avait dû s’employer pour s’imposer, À Zurich, le circuit de 20 km, très plat et ne comprenant qu’un seul virage, était bien plus adapté aux qualités du Belge. Alexandre n’était pas très loin au passage intermédiaire à 10 km mais il a pris un petit éclat ensuite. Ce résultat démontre qu’il ne faut pas banaliser les victoires. Que rien n’est jamais acquis et qu’il faut sans cesse travailler. Après, Alexandre a parfaitement, sans être dans sa meilleure forme, maîtrisé la course en ligne, et même fait une petite démonstration de force.

Comme Joseph Fritsch, sacré sur la course en ligne ce dimanche 29 septembre ?
Oui. Et c’est vraiment très bien pour lui parce qu’il s’agit d’une petite revanche par rapport aux Jeux, où il avait chuté alors qu’il y avait vraiment la place de monter sur le podium. Il a été impressionnant de maîtrise lors de cette course.

Quel regard portez-vous sur les autres athlètes qui n’étaient pas aux Jeux ?
On a déjà parlé de Mattis (Lebeau). Florian Bouziani a su se remobiliser pour être prêt pour ces Mondiaux, où il a dû faire face aux meilleurs. Il a bien exploité ce circuit parfaitement adapté à ses qualités de rouleur pour gagne le chrono. Katell Alençon a décroché deux belles médailles de bronze. Riadh Tarsim (Stade Français Paris), en terminant 4e du contre-la-montre, qui n’est pas sa spécialité, a été très convaincant. Andrea Ercolanelli (Mimosa sprint Mandelieu) et Thomas Tarou (UV Descartes) sont jeunes. Ils ont pu appréhender le travail qu’il reste à accomplir pour aller chercher des distinctions sur des épreuves mondiales. Mais cela confirme notre capacité à préparer l’avenir tout en continuant de travailler avec les champions d’aujourd’hui. 

Désormais, place à un repos bien mérité ?
Oui. Certains ont encore une ou deux courses FFC puis tous vont couper. Globalement jusqu’à la mi-novembre, pour reprendre doucement ensuite. En handisport, les points des coupes du monde à venir ces deux prochaines années ne compteront pas pour Los Angeles 2028. Nos jeunes comme Alexandre Léauté, Gatien Le Rousseau, Heidi Gaugain, pour ne citer qu’eux, vont donc davantage s’aligner sur des épreuves valides afin de franchir un nouveau cap.

Les 25 médailles françaises à Zurich 

Or (8)
Mathieu Bosredon (H3 – Handisport Pays Vert) contre-la-montre (CLM)
Mathieu Bosredon (H3) course en ligne
Florian Bouziani (C3) CLM
Mattis Lebeau (C4 – Charvieu-Chavagneux) CLM
Gatien Le Rousseau (C4 – Cofidis) course en ligne
Alexandre Léauté (C2 – VC Loudéac) course en ligne
Joseph Fritsch course en ligne

Relais masculin (Florian Jouanny – Grenoble Métropole, Johann Quaile – ASF Mulhouse, Joseph Fritsch – ASF Mulhouse).

Argent (9)
Heidi Gaugain 
(C5) CLM
Florian Jouanny (H2 – Grenoble Métropole cyclisme) CLM
Florian Jouanny (H2 – Grenoble Métropole cyclisme) en course en ligne
Loïc Vergnaud (H5 – Handisport Roannais) CLM
Loïc Vergnaud (H5 – Handisport Roannais) course en ligne
Alexandre Léauté (C2) CLM
Alexandre Lloveras (TC Rhodanien)/Yohann Paillot (COC Cyclisme) (B) CLM
Kévin Le Cunff (C4 – Dunkerque Littoral Handisport) CLM
Mattis Lebeau (C4) course en ligne

Bronze (8)
Anaïs Vincent (C3 – VC Rumilien) CLM
Anaïs Vincent (C3 – VC Rumilien) course en ligne
Katell Alençon (C4 – Handisport Brest) CLM
Katell Alençon (C4 – Handisport Brest) course en ligne
Joseph Fritsch (H4) CLM
Gatien Le Rousseau (C4) CLM
Kévin Le Cunff (C4) course en ligne
Alexandre Lloveras (TC Rhodanien)/Yohann Paillot (COC Cyclisme) (B) course en ligne