À 24 ans, Aurianne Devallière incarne une force tranquille et une détermination à toute épreuve. Victime d’un accident de plongée à 19 ans qui l’a rendue tétraplégique, elle a rapidement choisi de reprendre le fil de sa vie avec audace. Après une période de rééducation, elle reprend ses études dans une école d’ingénieur en chimie, d’abord à l’INSA, puis à l’ENSIACET de Toulouse, tout en découvrant un nouvel univers sportif qui allait bouleverser son quotidien : le rugby fauteuil.

C’est au Stade Toulousain qu’elle accroche définitivement ses roues au parquet. Entraînée au contact de joueurs expérimentés, dont plusieurs membres de l’équipe de France, Aurianne progresse rapidement grâce aux conseils et au soutien d’un collectif bienveillant. Sa ténacité, son sens du placement et sa capacité à anticiper les actions sur le terrain lui valent aujourd’hui une place historique dans l’équipe nationale. Elle devient ainsi la première femme à représenter la France dans une grande compétition internationale de rugby fauteuil : le Championnat d’Europe.
Ancienne basketteuse, Aurianne est naturellement attirée par les sports de contact et d’équipe. Le rugby fauteuil s’impose comme une évidence : un sport exigeant, physique, où la stratégie côtoie la solidarité. Malgré la complexité du maniement du fauteuil au début, elle s’approprie progressivement les spécificités techniques du jeu, y trouvant une source d’épanouissement et un moteur de dépassement de soi.
Une ambassadrice pour le handisport féminin
Dans un univers encore largement masculin, Aurianne n’a jamais perçu sa singularité comme un frein. Au contraire, son intégration dans l’équipe s’est faite naturellement, dans une ambiance qu’elle qualifie de fraternelle et joyeuse. Elle espère désormais que son parcours suscitera des vocations : « J’espère qu’il y aura d’autres filles qui suivront. » Son engagement va au-delà du sport : elle est également investie dans des actions solidaires, notamment auprès des sans-abris, et reste profondément attachée à la nature et à la mer. Ambassadrice passionnée, elle a eu l’honneur de porter la flamme olympique dans le cadre d’un relais organisé avec Coca-Cola. Une expérience brève mais inoubliable : « Quatre minutes très intenses, mais vraiment cool ».
Entre ambitions sportives et rêves professionnels

Si elle avoue ne pas encore avoir tracé de feuille de route précise pour l’avenir, Aurianne reste ouverte aux opportunités. Elle s’apprête à intégrer Airbus pour un stage, et concilie ses études exigeantes avec les entraînements et compétitions grâce à son statut de sportive de haut niveau : « Cette semaine, j’ai eu partiels, plus la formation… c’était compliqué », confie-t-elle avec le sourire. Sa sélection pour les Championnats d’Europe est un moment de fierté intense. Elle l’a appris lors d’un stage de préparation, avant de recevoir la confirmation par message. Les premiers coups de fil sont allés à sa famille. Derrière cette émotion, une satisfaction profonde : celle d’avoir atteint une étape symbolique dans son parcours de sportive.
Et après ? L’Europe, tremplin vers l’avenir
La sélection d’Aurianne pour les Championnats d’Europe de rugby fauteuil, qui débutent aujourd’hui, marque un tournant dans sa jeune carrière. Pour cette première grande compétition internationale, elle ne se fixe pas d’objectif chiffré. Elle préfère avancer étape par étape, saisir les opportunités, apprendre, engranger de l’expérience. Une chose est sûre : l’envie et l’ambition sont là.
À moyen terme, les enjeux ne manquent pas : les qualifications pour les Jeux Paralympiques de Los Angeles 2028 pointent déjà à l’horizon. Si le chemin reste long, Aurianne entend bien s’inscrire dans la durée avec les Bleus, aux côtés d’une génération qui rêve de faire briller le rugby fauteuil sur la scène internationale. Elle s’imagine aussi transmettre, accompagner d’autres femmes vers la discipline, contribuer à faire bouger les lignes. Avec lucidité et passion, elle écrit une page neuve du handisport français. Et ce n’est que le début.