L’équipe de France de para cyclisme a réalisé une nouvelle razzia lors des championnats du monde sur route qui se déroulaient à Ronse (Belgique) du jeudi 28 au dimanche 31 août 2025. Avec 27 médailles, dont 12 titres (11 argent et 4 bronze), les protégés de Laurent Thirionet, manager performance, ont encore surclassé la concurrence. Si les leaders comme Alexandre Léauté, Mathieu Bosredon ou Florian Jouanny, triple champion du monde, ont tenu leur rang, de nouveaux visages, comme Thomas Tarou et Anaïs Vincent, ont profité de ce rendez-vous parfaitement organisé pour respectivement décrocher de l’or et de l’argent. La jeune génération a ainsi apporté sa pierre à l’édifice des Bleus, encore tout en haut du classement des nations.
Insatiables ! Les para-cyclistes français, qui avec trente engagés, présentaient une délégation record, ont encore réussi une impressionnante moisson de médailles et de titres lors des championnats du monde sur route, à Ronse en Belgique. Ils ont confirmé les excellents résultats enregistrés aux Jeux paralympiques de Paris (18 médailles, dont 10 en or) et aux championnats du monde 2024 (25 médailles, dont 8 titres). Autre chiffre parlant lors de ces championnats du monde 2025 : 19 des 30 Tricolores présents sont montés au moins une fois sur un podium. Chapeau bas !
Alexandre Léauté s’est adjugé ses 21e et 22e titres mondiaux en remportant le chrono, vendredi 29 août et la course en ligne, dimanche 31 août 2025, dernier jour des épreuves. « Ces médailles sont une manière de récompenser les gens qui me soutiennent et notamment les staffs de l’équipe de France qui nous mettent dans les meilleures dispositions pour être performants. » Le coureur de Loudéac était imité par Mathieu Bosredon qui conserve pour sa part les deux titres glanés en 2024 à Zurich. Les deux champions tricolores saluaient l’excellente organisation de ces Mondiaux belges et la superbe couverture médiatique locale. « Cela fait des années que je fais des championnats du monde et les Belges ont vraiment mis les moyens pour en faire de très beaux, se réjouissait Mathieu Bosredon. C’était un peu comme aux Jeux à Paris. On n’est pas trop habitués donc c’est cool que ça revienne. Le podium aussi fut exceptionnel parce qu’il y avait le public, la télé et tout ce qu’il fallait. Si ce type d’organisation pouvait devenir un standard, ce serait vraiment cool. »

Des championnats du monde sur route que Florian Jouanny a éclaboussé de tout son talent. Le coureur de Grenoble, triple champion du monde 2025 (chrono, course en ligne et relais) a profité de ce rendez-vous pour décrocher son premier titre mondial en contre-la-montre. « Ce titre fait très plaisir parce que cela faisait quelques années que je courais après. Il manquait à mon palmarès. Je me suis concentré cet été à travailler sur cette spécialité pour aller le chercher. C’est donc une belle satisfaction tant sur le plan personnel que pour tous ceux qui me soutiennent au quotidien et qui ont contribué au gain de ce titre. »
L’entraîneur national de la Fédération Française Handisport Mathieu Jeanne, dans son bilan, salue aussi les performances de Thomas Tarou, médaillé d’or, de Louis Hubert, vice-champion du monde du contre-la-montre à seulement 18 ans mais aussi les deux médailles d’argent d’Anaïs Vincent et le bronze d’Eliott Pierre. Autant de nouveaux visages performants qui laisse à penser que la France n’a pas fini de régner sur le para-cyclisme mondial.
Mathieu Jeanne, quel est votre sentiment après cette nouvelle razzia bleue ?
Nous sommes très satisfaits des résultats tant sur le contre-la-montre que sur les courses en ligne. On a confirmé les résultats de 2024 aux Jeux et aux championnats du monde de Zurich. On se réjouit aussi de voir de nouveaux athlètes monter sur les podiums
Lors des courses en lignes, il y a eu des stratégies d’équipe. Pouvez-vous partager les tactiques mises en place ?
Nous savions que nous avions trois ou quatre coureurs par catégorie capables de gagner ou de monter sur le podium. Le but était de mettre un maximum d’athlètes sur le podium et de gagner. Les athlètes ont appliqué la stratégie entre eux. Alexandre Léauté, en C2, a donné un beau coup de pouce à Andrea (Ercolanelli) pour qu’il aille chercher l’argent. En C4 on a également assisté à une belle course d’équipe, avec un bel état d’esprit qui montre la belle ambiance au sein de cette équipe de France.
Outre les leaders, des jeunes comme Thomas Tarou, sacré champion du monde sur la course en ligne C1, ont émergé ?
Thomas Tarou avait remporté deux coupes du monde sur route mais il n’y avait pas le numéro 1, l’Espagnol, Ricardo Ten Argiles, favori de cette catégorie. En réussissant à le battre ce dimanche lors des championnat du monde, Thomas a confirmé tout son potentiel. En chrono, il avait déjà fini 4e pour trois dixièmes. En travaillant, il peut aussi viser un podium sur le chrono. Il y a aussi, parmi les nouveaux venus, Eliott Pierre en C5. Aligné uniquement sur la course en ligne, il a réalisé une très belle course, très offensive à l’avant décrochant ainsi le bronze. Louis Hubert, pour sa part, a confirmé en chrono avec une deuxième place à seulement 18 ans.

Quand tout est quasi-parfait comme ce fut le cas durant ces quatre jours, quels sont les écueils à éviter ?
Dans les années à venir, nous allons rencontrer un problème de riche. Chez les garçons, nous avons énormément de monde pour un nombre de places limité aux Jeux. Il va donc falloir veiller à ce que la concurrence soit saine et que l’ambiance de l’équipe reste aussi bonne. Que l’état d’esprit reste positif. Après, on verra aussi comment ça va se passer sur la piste parce qu’il y a de nouveaux formats d’épreuves. Il faudra donc observer le potentiel de nos athlètes sur ces nouveautés. Ce sera déterminant pour les sélections aux Jeux paralympiques de Los Angeles 2028.
Chez les féminines, seules Anaïs Vincent et le tandem Anne-Sophie Centis – Lara Lallemant ont connu les joies d’un podium…
Anaïs, avec deux médailles d’argent, fait de très bon mondiaux. C’est un bon résultat parce que la championne du monde est vraiment très forte et il y a encore un petit gap à combler pour être devant. En revanche, elle continue de progresser, creusant encore l’écart sur ses poursuivantes. Après seulement deux ans de pratique, c’est vraiment super. La médaille de bronze du tandem Anne-Sophie et Lara est une belle surprise parce qu’en coupes du monde, elles avaient terminé 4e et 5e. Elles battent de bonnes athlètes. On est content parce que le travail a payé.
Comment essayer d’améliorer encore ce bilan déjà exceptionnel ?
Parmi les onze médailles d’argent, certaines sont transformables en or. Louis Hubert est très jeune, Anaïs Vincent n’a que deux ans de pratique. Dorian Foulon, qui a fait une belle médaille d’argent sur le chrono, a vécu une saison compliquée. Il peut, à l’avenir, viser l’or. Il existe encore de vrais axes de progression.
Malgré un collectif record, l’équipe a bien fonctionné. Comment avez-vous réussi à garder ce cap ?
Nous bénéficions de moyens alloués par l’Agence Nationale du Sport identiques à ceux que nous avions avant les Jeux. Au-delà du financier, cela permet de structurer un vrai suivi tout au long de l’année et de fédérer des compétences variées : mécaniciens, kinésithérapeutes, infirmiers… C’est tout un programme porté par la Fédération et piloté par Laurent Thirionet, qui valorise le travail quotidien des sportives et sportifs.

Concrètement, cela se traduit par une présence constante de staff auprès des athlètes, qu’ils courent ou non, et par des temps collectifs chaque soir pour entretenir le lien. Ces détails créent une dynamique saine et un esprit d’équipe.
Enfin, c’est surtout le souci du détail et la recherche des meilleures conditions d’optimisation de la performance qui font la différence : hébergement, récupération, accompagnement technique et médical. Cela a permis d’emmener un collectif élargi de trente athlètes, malgré l’absence d’Heidi Gaugain, tournée vers les courses valides FFC, et d’Arthur Bauchet, concentré sur sa préparation pour Milan-Cortina 2026. Pour les plus jeunes, vivre une telle compétition reste une expérience précieuse. L’exemple d’Andrea Ercolanelli (C2) le prouve : après des difficultés aux Mondiaux l’an dernier, il a confirmé cette année tout son potentiel.
Les 27 médailles françaises
Or (12)
MC1 : Thomas Tarou (UV Descartes) course en ligne
MH2 : Florian Jouanny (Grenoble Métropole Cyclisme 38 E.F.) contre-la-montre
MH2 : Florian Jouanny (Grenoble Métropole Cyclisme 38 E.F.) course en ligne
MC2 : Alexandre Léauté (VCP Loudéac) contre-la-montre
MC2 : Alexandre Léauté (VCP Loudéac) course en ligne
MH3 : Mathieu Bosredon (Cofidis compétition) contre-la-montre
MH3 : Mathieu Bosredon (Cofidis compétition) course en ligne
MC4 : Mattis Lebeau (Pôle handisport des Hauts-de-Flandre) contre la montre
MC4 : Mattis Lebeau (Pôle handisport des Hauts-de-Flandre) course en ligne
MH4 : Jospeh Fritsch (ASS Sprt Fauteuil Mulhouse) course en ligne
MB tandem : Elie de Carvalho (Colomiers Handisport) et Mickaël Guichard, (guide, Colomiers handisport) contre-la-montre
Relais : Joseph Fritsch, Florian Jouanny et Johan Quaile.
Argent (11)
MC2 : Andréa Ercolanelli (Mimosa Sprint Mandelieu) course en ligne
WH3 : Anaïs Vincent (VC Rumilien) contre-la-montre
WH3 : Anaïs Vincent (VC Rumilien) course en ligne
MH3 : Johan Quaile (ASS Sport Fauteuil Mulhouse) contre-la-montre
MC3 : Louis Hubert (Cofidis compétition) contre-la-montre
MC3 : Thomas Peyroton-Dartet (Pôle handisport des Hauts-de-Flandre) course en ligne
MH5 : Loïc Vergnaud (Handisport Roannais) contre-la-montre
MH5 : Loïc Vergnaud (Handisport Roannais) course en ligne
MC5 : Dorian Foulon (Handisport Pays de Ploërmel) contre-la-montre
MC4 : Gatien Le Rousseau (Cofidis comptétition) contre-la-montre
MC4 : Kévin Le Cunff (Pôle handisport des Hauts-de-Flandre) course en ligne
Bronze (4)
MC4 : Kévin Le Cunff (Pôle handisport des Hauts-de-Flandre) contre-la-montre
Tandem WB : Anne-Sophie Centis ( Pôle handisport des Hauts-de-Flandre) et Lara Lallemant (AVG Cyclisme) contre-la-montre
MB tandem : Elie de Carvalho (Colomiers Handisport) et Mickaël Guichard, (guide, Colomiers handisport) course en ligne
MC5 : Eliott Pierre (Pôle handisport des Hauts-de-Flandre) course en ligne
Ils ont dit
Florian Jouanny (après l’or sur le chrono) : ce titre en contre-la-montre fait très plaisir parce que cela fait quelques années que je courais après et qu’il manquait à mon palmarès. Je me suis concentré cet été à travailler sur cette spécialité pour aller le chercher. C’est donc une belle satisfaction tant sur le plan personnel que pour tous ceux qui me soutiennent au quotidien.
Mattis Lebeau (après l’or sur chrono) : Les sensations étaient bonnes sur un parcours rendu difficile par le vent. Il fallait être régulier sur l’effort tout au long du tracé et rester bien concentré. Aucun relâchement n’était permis sur le plan mental même si physiquement sur la partie en ville avec les pavés on pouvait gérer un peu plus son effort. Après, comme l’an dernier à Zurich (Suisse), on réalise un triplé français donc c’est top.
Elie de Carvalho (après l’or sur chrono) : Ça fait deux ans que l’on se connaît avec Mickaël. C’est un sentiment de fierté parce qu’on a bien progressé depuis nos débuts ensemble. C’était un bel objectif, ces dernières semaines on s’est souvent entraîné ensemble, nous avions donc de grosses ambitions. On savait que nous pouvions jouer la gagne. Maintenant que c’est fait, c’est un sentiment de fierté d’avoir ce premier titre de champion du monde.
Mickaël Guichard (guide Elie de Carvalho après l’or sur chrono) : Sentiment de devoir accompli ça concrétise le travail et les efforts fournis depuis plusieurs années. On porte désormais un beau maillot, celui pour lequel nous étions venus sur ces championnats. C’est chose faite.
Alexandre Léauté (après l’or sur chrono) : quand j’ai vu la météo avant de partir j’étais très concentré, le parcours étant très technique et urbain. Avec tous les pavés du dernier kilomètre, il fallait rester très concentré jusqu’au bout du parcours. La pluie a rendu la fin du circuit, avec les pavés, très glissante. C’était donc très compliqué. J’ai préféré assurer en mettant les mains sur les côtés et m’enlever de la position aérodynamique pour minimiser les risques. Dans les virages, j’y suis allé tranquille. Je savais qu’il y avait une longue partie favorable pour m’exprimer. Ne prendre aucun risque était la meilleure solution. Le chrono était mon objectif principal sur ces championnats du monde donc c’est un stress en moins.
Joseph Fritsch (après l’or en course en ligne) : mes sensations étaient assez bonnes dès le début. J’ai voulu faire la sélection dès la première difficulté du premier tour. J’ai été surpris d’être suivi par le Suisse plutôt que l’Autrichien qui avait gagné le contre-la-montre. Cela a changé un peu ma tactique parce que le Suisse est bon dans le finish alors que l’Autrichien est meilleur rouleur avec un moins bon punch. Finalement, on a collaboré et dans le dernier tour, j’ai attaqué fort dans la partie la plus difficile du circuit pour prendre une avance de 30 secondes environ. J’ai réussi à la conserver jusque dans les derniers kilomètres, où j’ai pu profiter de cette victoire qui a un goût spécial après la déception du contre-la-montre (il a fini 4e).
