13 médailles pour les Bleus à Saint-Quentin

Après les sept médailles décrochées en simple (1 or, 1 argent, 5 bronze), la délégation française a ajouté six médailles à sa collection en double (1 or, 5 bronze) lors de l’Open de France, disputé du jeudi 9 novembre au dimanche 12 novembre 2023 sur le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Maxime Thomas, vainqueur en simple, a également décroché l’or en double avec Emeric Martin. Une perf de choix satisfaisante à plus d’un titre. Roza Soposki, en charge de la performance du tennis de table tricolore pour la Fédération Française Handisport, décrypte ces résultats dans la perspective des Jeux paralympiques de Paris 2024 (28 août – 8 septembre).

Roza Soposki, l’or du double Thomas / Martin doit vous ravir ?
Oui, et ce à plus d’un titre. C’est une très grosse satisfaction parce que hormis les coréens et thaïlandais, cet Open de France réunissait quasiment tout le plateau que l’on retrouvera aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Cette victoire est donc très significative, acquise en sortant des paires très fortes. Je pense notamment aux Chinois Liu Fu et Feng Panfeng, en quart. Je pense que ce sera la paire des Jeux, parce que ce sont les deux champions d’Asie. Et en finale, nos Français battent les Indonésiens, qui sont en concurrence directe avec Emeric Martin pour la qualification aux Jeux, via le classement mondial en double. C’est en ce sens que cette victoire est si importante à tous les niveaux.

En revanche, le double Clément Berthier / Esteban Herrault, champion d’Europe MD14, tombe en quart ?
Oui, c’est la déception de cet Open de France, en double. Ils perdent contre une paire chinoise. Nul doute qu’ils vont rebondir mais c’est regrettable. Ils ont été un ton en-dessous de ce qu’ils proposent habituellement. Mais ils s’entraînent tous les deux dans la même structure donc on va pouvoir bien bosser ce double, d’ici aux Jeux. Aussi, cette paire chinoise ne devrait pas y être.

Entre les simples et les doubles, la France, privée ces trois champions du monde en titre (Alexandra Saint-Pierre, Thu Kamkasomphou et Fabien Lamirault), termine avec 13 médailles, dont 2 en or. Est-ce que cela répond à vos objectifs ?
C’est un bilan correct. Ça manque de finales. On perd beaucoup de demi-finales. Dimanche matin, on passe un peu à côté de trois de nos demi-finales en XD14, WD14 et MD18. On est sur les podiums mais on peut pas se satisfaire du bronze. 

Au-delà du bilan comptable, qu’est que ce dernier gros révélateur avant Paris 2024 vous a appris sur les doubles (attitudes, complémentarités…) ?
On ressort quand même de cet Open de France avec quelques certitudes. Je vais revenir sur la paire MD8, Maxime Thomas / Emeric Martin. On sait qu’ils sont performants mais grâce à cette victoire ils s’affirment comme des concurrents sérieux pour une très belle médaille aux Jeux. De manière générale, les tableaux de doubles sont très homogènes. Très peu de paires s’imposent sur tous les tournois… Et ce dans toutes les catégories. A l’exception, peut-être du duo Clément Berthier / Esteban Herrault (MD14) qui sont habituellement sur le podium, et même souvent sur la plus haute marche de nombreuses épreuves. Il y a beaucoup de paires et toutes les cartes seront, je le pense, redistribuées à Paris. 

Après quelques années et à un an des Jeux, qu’apportent ces tableaux doubles, en termes de cohésion, de dynamisme de compétition ?
On s’y est fait effectivement. Au début, ça nous changeait des épreuves par équipe (jouées par classe de handicap), qui était au programme depuis que le tennis de table est paralympique. On a peut-être démarré un peu plus tardivement que les autres nations. Les Mondiaux 2022 avaient plutôt été décevants en ce qui concernent les tableaux doubles. On a bien bossé sur ce point cette saison.

Après, les doubles apportent de la mixité. D’abord parce qu’il y a des doubles mixtes homme-femmes. Cela amène de la diversité et un petit plus pour la notion collective et la vie de groupe. Après, en ce qui concerne les doubles hommes et dames, on peut regrouper des sportives et sportifs qui ne sont pas dans la même classe de handicap, qui ne jouaient donc pas forcément ensemble, par équipe, avant. Notamment chez les debout, puisque que nous avons un classe 6 associé à un classe 8 et un classe 8 associé à un classe 10. Cela apporte de nouveaux échanges, de nouveaux liens aussi. On le mesure, par exemple, dans la répartition des chambres. C’est important.

La formule à élimination directe, en double, a-t-elle donné un côté plus dynamique ?
C’était une première parce que précédemment il y avait une phase de poule qui précédait celle à élimination directe. Néanmoins, l’intensité est un peu retombée après les simples en termes d’atmosphère, notamment. Toutefois, maintenant que l’on sait que des sportifs ne peuvent se qualifier aux Jeux que par le classement mondial de double, cela donne une saveur particulière à ces tableaux. Aussi, aux Jeux de Paris, les épreuves de doubles lanceront les compétitions, quand habituellement on commence par les simples. Cela devrait donc changer la donne.

Enfin, cette 3e édition de l’Open de France à Saint-Quentin-en-Yvelines a encore répondu aux attentes en termes d’organisation et de densité sportive ?
Oui, c’est bien. Je n’avais pas de doute. On a déjà connu deux éditions ici. Même si, en raison de la configuration des infrastructures, les spectateurs sont un peu loin des tables, les conditions de jeu sont très bonnes et tout à fait digne d’un tournoi coefficient 40. On montre que l’on est rodé et que l’on va être capable d’accueillir les Jeux dans de très bonnes conditions. Le nombre de pays (40) et de joueurs (250) présents parle de lui même. Les Chinois se déplacent quand même rarement. Certes, les Jeux sont à Paris dans moins d’un an, mais ils ne seraient pas venus pour autant s’ils n’avaient pas eu de bons retours sur la qualité du tournoi. Sportivement, avoir les Chinois était une énorme plus-value pour nos sportifs. Et pour le staff, il était très enrichissant d’avoir quelques repères sur cette concurrence internationale à quelques mois des Jeux.

BILAN DES ÉPREUVES INDIVIDUELLES DES TRICOLORES

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