La France parée pour son premier Euro à domicile

La Halle Carpentier de Paris accueille, du 22 au 26 février, le championnat d’Europe de rugby fauteuil qui réunit les huit meilleures nations du Continent. Une première en France. La Fédération Française Handisport et l’association CAP SAAA, coorganisateurs de ce rendez-vous, entendent faire de ce premier temps fort sportif, un spectacle digne de ce nom. Ryadh Sallem, international français co-président du Comité d’organisation, association Capsaaa, fait le point, à moins d’une semaine de l’ouverture de l’épreuve.

Quels sont les enjeux de cet Euro pour la France ?

Ryadh Sallem : L’objectif de l’équipe de France est d’aller en finale. Aujourd’hui, les Anglais sont champions paralympiques en titre mais si nous arrivons à nous qualifier pour la finale, alors on peut réussir un grand tour de magie. Il faudra au moins aller en demi-finale, soit finir parmi les deux premiers de notre groupe, pour nous assurer une place aux championnats du monde 2023. Les quatre premiers de cet Euro y décrocheront leur billet.   

Avant cela, il faudra se méfier du Danemark pour finir premier de poule et ainsi éviter l’Angleterre, en demi-finale ?

R.S : Oui. Contre les Danois, c’est une fois eux, une fois nous. Lors du dernier Euro, en 2019, ils nous ont battus en demi-finale. Alors cette fois, c’est à nous (rires). Plus sérieusement, il faudra se méfier de chaque équipe parce que nous n’avons pas vu la Suisse et la Russie (les deux autres équipes du groupe de la France) depuis 2019. De nouveaux joueurs ont pu arriver et hausser le niveau de chaque équipe. Il faudra prendre tout le monde au sérieux. Je me souviens que nous avions décroché notre billet pour les Jeux de Londres, en 2012, parce que certaines nations nous avaient pris de haut. Attention à ne pas commettre la même erreur. 

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« La France a les armes pour être compétitive et aller en finale »

D’autant plus que la France part sur un nouveau cycle avec un changement d’organisation au sein de son staff ?

R.S : Oui. Olivier Cusin, l’entraîneur durant les Jeux, n’est plus là. Il a été remplacé par son staff, qui se partage à trois le coaching de l’équipe (Bob Vanacker, Cédric Dubord et William Ybert). Je pense que ça va donner un élan nouveau et permettre à la France de franchir un nouveau palier. Très clairement, cet Euro s’apparente à la première pierre du chemin qui doit nous mener pour arriver au top pour Paris 2024.       

La formule, concentrée en cinq jours, avec un match de poule par jour et les demies et la finale réunies le samedi, peut aussi avoir son importance…

R.S : On a dû procéder ainsi parce qu’il fallait limiter le temps de l’épreuve par rapport aux éventuelles mesures Covid. Cela induit une compétition très dense et très intense. Mais je crois la France armée pour tenir le rythme. Elle possède les rotations et l’état d’esprit nécessaires pour être compétitive.

La Halle Carpentier sera mise en configuration « grand événement » avec une organisation digne de ce nom…

R.S : On a la volonté de rentrer dans la dynamique des grands rendez-vous sportifs organisés en France sur ces prochaines années. Après l’Euro 2022, la France accueillera la Coupe du monde en 2023, puis les Jeux Paralympiques en 2024 et la Women’s Cup. On voulait vraiment marquer le coup. On met en place une saga Rugby-fauteuil, pour permettre au grand public, aux partenaires et aux médias de s’y retrouver, par rapport à ce qu’ils ont l’habitude d’avoir, en termes d’organisation dans les grands événements sportifs traditionnels.

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Comment cela se matérialise-t-il ?

R.S : Les animations prévues ont été annulées en raison des restrictions Covid. Nous avons imaginé devoir organiser ce championnat en créant un vraie bulle sanitaire pour les joueurs et les staffs, afin qu’ils s’exposent le moins possible au virus. Mais depuis peu, nous savons que nous pouvons revenir à la normale. On essaie donc de remettre en place certains projets, mais ce n’est pas simple. Néanmoins, il y aura un DJ, des leds, des écrans… Tout un habillage pour faire de ces cinq jours d’épreuve, un vrai spectacle festif

« Préparer les Bleus à jouer devant leur public »

Comment ça ?

R.S : L’objectif de ces grands rendez-vous est de préparer l’équipe, les joueurs et le staff à évoluer chez eux, devant du public, devant une belle ambiance et dans des salles de haut niveau. Cela permet de se préparer, un peu, à ce que l’on va vivre lors des Jeux Paralympiques de Paris. Parfois, quand on arrive sur des épreuves internationales, on est épaté par la qualité de l’organisation des autres nations, par l’ambiance, et on se disperse un peu. Il est important d’évoluer dans un tel contexte dans l’optique de Paris 2024.       

Vous avez aussi des animations extra-sportives ?

R.S : Il y aura deux temps spécifiques pendant ces cinq jours. Un premier, confidentiel, pour sensibiliser certains collaborateurs de la mairie de Paris et un temps fort grand public. Avec l’AGEFIPH et la mairie de Paris, sera mis en place une sorte de Forum de l’emploi, le jeudi 24 février. Toutes les personnes en situation de handicap qui cherchent un emploi pourront venir rencontrer des entreprises et les instances du monde de l’emploi et du handicap. Parallèlement, il y aura aussi une signature officielle qui sera faite avec l’AGEFIPH (Association du Gestion du Fonds d’Insertion professionnelle des Personnes Handicapées), la ministre dédiée aux personnes en situation de handicap, Sophie Cluzel et le comité d’organisation. Cette initiative entre complètement dans la mission de Capsaaa.

Des initiations sont aussi prévues pour aider à la découverte de la discipline. Une vingtaine de fauteuils sera mise à disposition.

Au regard de la levée récente des jauges, quelles sont vos attentes en termes de public ?

Nous espérons au moins 2 000 personnes par jour (4 000 places sont disponibles) !

« Les places solidaires », une initiative de transition 

Comment les tarifs ont-ils été définis ?

R.S : On a un pass 100 € pour les cinq jours, des tarifs à la demi-journée et à la journée, avec des prix préférentiels pour les licenciés FFR et FFH. On a regardé  les tarifs du Stade Français, du Racing, du basket et on a fait un savant mélange pour être attractifs et donner du sens au parasport. Parallèlement, nous avons créé des « places solidaires » qui vont faire office de transition entre la gratuité à laquelle sont habituées les personnes en situation de handicap et le grand public davantage habitué à payer un spectacle. On espère ainsi créer un passage en souplesse pour inciter le plus grand nombre à découvrir et apprécier le rugby fauteuil de très haut niveau.        

Pouvez-vous développer ce concept de places solidaires ?

R.S : Les entreprises achètent des places que l’on offrira à des enfants du Secours Populaire, à des clubs, à des centres, à des personnes en insertion, des étudiants et des chômeurs. A travers ce procédé, on démontre bien que ce spectacle a un coût.

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Rédaction : J. Soyer