Les Français cassent la baraque sur la piste écossaise

L’équipe de France de paracyclisme a confirmé son statut de grande nation mondiale lors des championnats du monde sur piste disputés du 2 au 8 août à Glasgow. En Écosse, les Bleus de Laurent Thirionet et Mathieu Jeanne ont décroché 14 médailles dont la moitié en or (2 argent, 5 bronze). La France termine deuxième au classement des nations derrière l’Angleterre. Place dès ce mercredi aux épreuves sur route. Mathieu Jeanne, entraîneur national, analyse ces performances forcément très intéressantes à un an des Jeux paralympiques de Paris 2024 (28 août – 8 septembre).

L’équipe de France, 3e nation mondiale en octobre dernier lors des championnats du monde sur piste à Saint-Quentin-en Yvelines, a encore gagné une place à l’issue de l’édition 2023, disputée à Glasgow. L’Angleterre avec 30 médailles dont 18 en or (9 argent, 3 bronze) reste au-dessus.

Quel sentiment vous anime après ces championnats du monde, à un an des Jeux ?

On est satisfait du bilan avec 14 médailles mais surtout 7 en or. Par rapport à l’an dernier, on gagne une place au classement des nations. On attache forcément une importance particulière aux épreuves paralympiques : on pense à Alexandre Léauté (C2), sacré en km et en poursuite, la poursuite de Kévin Le Cunff (C4). Il y a aussi le tandem d’Alexandre Lloveras et Louis Pijourlet (B). On devra regarder dans le détail les performances des C4 pour le 500 féminin où Marie Patouillet a pris l’argent puisqu’aux Jeux les deux catégories seront réunies. Il y a aussi le kilomètre tandem hommes avec Raphaël Beaugillet et Quentin Caleyron qui termine 5e à trois dixièmes du podium seulement. Sans oublier Dorian Foulon (C5) qui a encore un an pour revenir à ses meilleurs temps et être prêt le jour J…

Un mot aussi sur le titre de Heidi Gaugain (C5) ?

Heidi progresse. Elle a réussi à reproduire deux belles performances entre la qualification et la finale, faisant preuve d’une maturité sportive et d’un niveau intéressant pour son âge. Mais Sarah Storey, absente à Glasgow, reste un cran au-dessus pour la médaille d’or. D’ici aux Jeux, la marche à franchir semble énorme mais ça reste une épreuve d’un jour. Et pour le podium, elle a de la marge.

« Encore un excellent bilan »

Globalement, comment qualifiez-vous ces championnats du monde sur piste ?

Il y a deux ans, on n’avait jamais fait un aussi bon bilan sur la piste. Là, on a confirmé avec encore plus de médailles d’or. C’est le plus important. On peut donc encore parler d’un excellent bilan. Mais rien n’est écrit à l’avance. Il ne faut donc pas justement se contenter de ce résultat-là.

Quels sont les axes ciblés, à chaud, pour se maintenir à ce niveau-là et aller chercher un peu plus ?

Il y a le tandem féminin, Anne-Sophie Centis et Elise Delzenne (pilote), qui terminé 4e pour quatre dixièmes seulement. Il faudra continuer avec ce binôme assez jeune mais en constante progression. Comme à Tokyo, on termine 4e de la vitesse par équipe masculine (Léauté, Foulon, Le Cunff) derrière les Espagnols. On doit donc parvenir à réunir nos trois coureurs parce que nous pouvons performer sur cette épreuve. Il y a aussi le tandem kilomètre.

Ce championnat du monde, très encourageant, pouvait-il être considéré comme la dernière grande répétition avant les Jeux de Paris ?

Oui, déjà parce qu’il y avait une première semaine de piste et une deuxième semaine sur la route, qui commence dès ce mercredi. Ce sera identique aux Jeux donc ça nous permet de valider la préparation et de voir celle que l’on mettra en place l’année prochaine. Ça nous a permis de tester toute l’approche avant les Jeux.

Ces résultats permettent donc d’avoir de bonnes bases de travail ?

Oui. Comme ça ressemble beaucoup à un format Jeux, c’est vraiment la dernière grande répétition. Néanmoins, il y aura encore un championnat du monde piste en mars 2024 à Rio. En revanche, les monde route seront après les Jeux. A Rio, toutes les nations joueront le jeu fond pour définir leurs sélections. Il devrait donc y avoir un niveau très relevé et une forte densité. Toutefois, Glasgow faisait office de grande répétition.

Alexandre Léauté confirme sa domination

Comment jugez-vous l’évolution de l’adversité ?

On n’a pas vu de surprise. Les résultats sont cohérents et assez logiques en termes de continuité. La surprise peut venir du tandem Alexandre Lloveras et Louis Pijourlet qui après seulement cinq jours de piste ensemble ont décroché l’argent en poursuite. Ils ont une belle marge de progression. L’or sera difficile à aller chercher, mais ils doivent encore progresser parce que c’était serré avec leurs poursuivants.

De manière plus générale, il n’y a pas eu de gros bonds de position. Il faudra regarder les épreuves où les catégories sont mélangées. A titre d’exemple, on devra se pencher sur les performances des C1 au kilomètre parce qu’ils seront réunis avec les C2 où se trouve Alexandre Léauté. On retrouve les Chinois en C1. Même si les chronos ne sont pas fous, on sait que la Chine, 3e meilleure nation (5 or, 6 argent, 7 bronze), sait élever son niveau aux Jeux.

Après les mondiaux de Saint-Quentin, vous espériez voir des coureurs comme Kévin Le Cunff, Raphaël Beaugillet et Quentin Caleyron confirmer leurs promesses… Avez-vous eu les réponses attendues ?

Kévin est passé de MC5 à MC4 et cela est plutôt à son avantage, même si son temps est bien meilleur que celui réalisé en France. Pour Quentin et Raphaël, il y a une sorte de stagnation par rapport à la concurrence donc il va falloir trouver les solutions pour franchir le cap.

Que retenez-vous comme images fortes de ces Mondiaux sur piste ?

Il y a la confirmation d’Alexandre Léauté, triple champion du monde, qui domine la piste. Il y a l’éclosion de Heidi Gaugain par rapport à son titre et son jeune âge. Je retiens ces jeunes talents qui gagnent. Il y a aussi Gatien Le Rousseau, 4e de la poursuite MC4 qui a franchi un gros cap. Malheureusement, il a été un peu malade entre la qualification et la finale. Il n’a donc pas pu être à 100 %. Au regard de sa progression, je pense que l’année prochaine, il sera en mesure de gagner une médaille. Pour Florian Chapeau (C2), sur les épreuves paralympiques, il stage un peu, en termes de chrono, par rapport à Saint-Quentin.

Ces performances ont-elles permis à la France d’ouvrir des quotas pour les Jeux paralympiques ?

Le championnat du monde compte double en points par rapport à une coupe du monde. Mais sur piste, comme il n’y a pas de coupe du monde mais qu’un seul championnat du monde sur l’année, la piste permet de gagner énormément de points. Il était donc très important d’y performer. Actuellement, on n’a pas encore le bilan et le détail des points gagnés. On aura ça après les épreuves sur route. Cela nous permettra de savoir où la France se situe par rapport aux quotas.

Les 14 médailles françaises

Alexandre Léauté (MC2) : 3 or (poursuite individuelle, omnium, kilomètre) ; 1 bronze (scratch)

Kévin Le Cunff (MC4) : 2 or (poursuite individuelle, omnium)

Heidi Gaugain (WC5) : 1 or (poursuite individuelle)

Florian Chapeau (MC2) : 1 or (scratch), 1 bronze (omnium)

Marie Patouillet (WC5) : 1 argent (500 trial), 1 bronze (omnium)

Alexandre Lloveras et Louis Pijourlet (tandem B) : 1 argent (poursuite)

Dorian Foulon (MC5) : 1 bronze (poursuite)

Raphaël Beaugillet et Quentin Caleyron (pilote) (tandem B) :1 bronze (sprint)

Le staff de l’équipe de France.  Laurent Thirionnet (Team manager), Mathieu Jeanne (Entraîneur), Flavien Arnal (entraîneur adjoint), Patrick Moyses (Manager Handbike), Jérome Ducher, Youri Michalon, Nicolas Guenet (kinésithérapeutes), Francisco Trujilo, Damien Bregere, William Capelle (Mécaniciens), Willy Robin (Mécanicien Handbike), Grégory Durand (Infirmier), Delphine Picoty (Préparatrice mentale).