Championnats du monde : La France retrouve le goût des podiums

Six sportifs représentaient l’équipe de France aux championnats du monde de développé-couché disputés à Dubaï du 18 au 31 août. Souhad Ghazouani a confirmé son statut de leader des Bleus en décrochant le bronze en individuel et par équipe mixte (avec Alex Adélaïde et Axel Bourlon). Des performances intéressantes, à un an des Jeux paralympiques de Paris 2024 (28 août – 8 septembre), au regard de la concurrence beaucoup plus dense et relevée. Autre satisfaction, le titre mondial, en junior, de Grégory Schneider. Alexis Quérou, manager de la performance de la discipline pour la Fédération Française Handisport, tire les enseignements de ces dix jours de compétition.

Commençons par le meilleur, quel sentiment vous procure la médaille d’or de Grégory Schneider en junior et celle de bronze de Souhad Ghazouani ?

En junior, Grégory progresse effectue une belle progression en améliorant d’une manière significative sa performance en comparaison de l’an dernier 117kg en 2022, 135kg lors de ces mondiaux. C’est ce qu’il faut retenir surtout de sa performance à Dubaï parce qu’en junior la catégorie reste modeste. Mais il avance. Il lui faut, toutefois, encore travailler, pour se rapprocher des meilleurs seniors.

Souhad Ghazouani, elle, démontre qu’il faudra encore compter sur elle dans un an aux Jeux paralympiques. Cette performance lui permet d’assurer sa qualification tant en -73 qu’en -79 kg. Il nous restera donc à déterminer la catégorie dans laquelle il sera le plus pertinent de se projeter lors de la saison à venir dans la perspective des jeux de Paris. C’est important parce que chez les féminines, le niveau est considérablement monté. Preuve en est, le record du monde de Souhad, à 150 kg, est tombé. Une concurrente a soulevé une barre de 151 kg.

Quel regard portez-vous sur le bilan de manière plus général ?

En 2021, lors des derniers championnats du monde, nous n’avions pas ramené de médailles mais nos trois sportifs, Souhad Ghazouani, Rafik Arabat et Axel Bourlon, avaient tous terminé dans le top 6. Les médailles sont donc extrêmement positives. Pour autant nous nous ne pouvons pas occulter la déception liée aux refus des barres d’Alex Adélaïde et d’Axel Bourlon lors des compétitions individuelles. A cause de ces refus, d’ordre technique, ils ne sont pas classés. C’est très frustrant pour Axel qui avait des ambitions assez fortes. En effet, avec sa meilleure barre (172 kg), avant ces championnats du monde, il aurait pu prétendre à un top 4. Sachant qu’il espérait battre son record personnel lors de ces Mondiaux. Cela le fait donc chuter du top 8 à la ranking internationale, top 8 déterminant dans la course à la qualification pour les Jeux.

Dans ce contexte, finir par la compétition par équipe mixte, où tous les deux ont validé leurs barres et obtenu le bronze, aux dépens du Mexique, a permis de remonter le moral de troupes et de finir sur une note positive. On peut aussi souligner la bonne prestation de l’équipe masculine, qui fût proche d’une qualification pour les demi-finales.

« Un déclic pour Alex Adélaïde« 

Techniquement, comment est-il possible de ne plus être sanctionné ?

Alex Adélaïde n’est sur le circuit que depuis un peu plus d’un an, il a donc encore des progrès à effectuer sur le plan technique. Cependant, lors des compétitions par équipes homme et mixte, il a validé la majorité de ses essais. Il a donc compris quelque chose. Lui-même l’a admis dès sa première barre de l’épreuve par équipe. Il a tiré profit d’avoir vu toute la compétition, pour observer et comprendre ce qui lui manquait. A l’arrivée, certes, il soulève plus de cinq kilos par rapport à la barre de qualification soulevée aux championnats du France et qui vient valider tout le travail réalisé au cours de la saison

Pour Axel (Bourlon), c’est différent, même aujourd’hui après analyse de ces barres soulevées lors de la compétition en individuel nous ne comprenons pas. C’est d’autant plus surprenant que lors du par équipe il valide ses trois barre alors qu’il utilise la même technique qu’en individuel.

Et pour Julien Avom Mbume (-80 kg) et Rafik Arabat (-97 kg) ?

Ils terminent respectivement 15e et 10e en individuel. Tous deux n’ont pas pu, en raison de soucis personnels de divers ordres, se préparer dans les meilleures conditions. Ils n’ont pas été au niveau qu’ils ont affiché il y a un ou deux mois.

A un an des Jeux, la concurrence semble affûtée ?

Sur la compétition, il y avait 80 pays représentés, soit dix de plus que lors des derniers championnats du monde, il y a deux ans. Il y avait près de 550 athlètes (juniors et seniors confondus). C’est environ cent athlètes de plus que lors de la dernière édition. Cela constitue une grosse augmentation. Chez les hommes, cela s’est traduit par une densité très forte, puisqu’il n’y a eu qu’un ou deux nouveaux records du monde. En revanche, chez les féminines, la densité et le niveau ont augmenté. En effet, quasiment toutes les meilleures marques mondiales sont tombées.

Des pays ont-ils sortis du lot ?

La Chine qui avait pratiquement un sportif dans chaque catégorie, a écrasé la concurrence. Elle a collecté huit médailles d’or et dix-sept médailles au total (sur 20 possibles au maximum si on ne compte que les épreuves paralympiques). L’Iran, deuxième meilleure nation, a décroché six médailles dont trois titres. La France, avec une médaille de bronze comptabilisée si on ne se fie qu’aux épreuves disputées aux Jeux, se classe 17e.

« Des ambitions légitimes à Paris« 

Quelles sont les échéances à venir sur le plan international ?

Le parcours international nous impose deux Coupes du monde en 2024, avant les Jeux. On a programmé de se rendre à Dubaï, une nouvelle fois en février et à Manchester en juin. Il s’agira de la dernière épreuve qualificative puisque que c’est à l’issue de ce rendez-vous anglais que le top 8 sera fixé pour les Jeux. Ce sont les deux épreuves qui permettront aux Français de conforter leur place dans le top 8 ou d’y entrer. Si on arrive à avoir les moyens, on ira peut-être en disputer une troisième.

Parmi les athlètes présents à Dubaï ce mois d’août, quels sont ceux qui peuvent légitimement prétendre à une qualification pour Paris 2024 ?

Souhad Ghazouani était 4e du -79 et est désormais 3e en -73. Je n’imagine pas que cinq ou six sportives lui passent devant. Il lui faudra juste être présente sur les deux prochaines coupes du monde. Axel Bourlon doit remonter à la ranking, mais il a le niveau pour prétendre être dans le top 8. Il y a de quoi être optimiste.

Alex Adélaïde peut être la bonne surprise dans la mesure où il a encore gagné cinq kilos en peu de temps et qu’il commence à trouver des solutions techniques. C’est un challenger et je pense qu’il peut prétendre décrocher sa qualification aux Jeux. Pour la médaille, l’écart semble encore assez difficile à combler en un an mais il se nourrit de cet objectif.

Julien, lui, avait réalisé un bon championnat de France mais il n’a pas su confirmer lors de ces Mondiaux Le niveau, parallèlement, est bien monté dans cette catégorie. La barre de qualification est passée de 180 à 195 kg, or il a soulevé 180 kg pour se qualifier aux Mondiaux.

Rafik Arabat figure actuellement au 12e rang du classement mondial. Mais aux Jeux, chaque pays n’a le droit qu’à un seul représentant. Entre ceux qui vont être victimes de ce règlement et les éventuels changements de catégorie, rien n’est fait sachant qu’il n’était pas au meilleur de sa forme sur ce championnat du monde.

Les trois médailles françaises.

1 or : Grégory Schneider en junior (-107 kg)

2 bronze : Souhad Ghazouani (-73 kg), équipe mixte (Souhad Ghazouani, Alex 

Adélaïde, Axel Bourlon).

La sélection française. Junior : Grégory Schneider (-107 kg, ASPTT Lille Métropole). Seniors : Souhad Ghazouani (-73 kg, AS IMC Gonesse) ; Julien Avom Mbume (-80 kg, AS IMC Gonesse) ; Alex Adelaïde (-49 kg, AS IMC Gonesse) ; Rafik Arabat (-97 kg, AS IMC Gonesse) ; Axel Bourlon (-54 kg, Handisport Roannais).