Cécifoot : La France, 7e, poursuit sa reconstruction et regarde l’avenir avec confiance

L’équipe de France, 7e du championnat du monde disputé à Birmingham (Angleterre) du 16 au 25 août, a poursuivi sa préparation pour les Jeux paralympiques de Paris 2024 (28 août – 8 septembre). Les champions d’Europe tricolores, éliminés en quart de finale par le Brésil, sans avoir à rougir, ont confirmé leur bon état d’esprit et de réelles qualités mentales. Ils doivent désormais s’attacher à progresser sur le plan technique. Charly Simo, manager de la performance pour le secteur déficient visuel de la Fédération Française Handisport, affiche sa confiance et ses attentes à un an des Jeux en France, où l’Argentine, qui succède au Brésil sur le toit du Monde, sera attendue.

Grâce à sa victoire contre l’Italie, synonyme de 7e place, la France termine première nation européenne de ce championnat du monde. Est-ce satisfaisant ?

Charly Simo : Je pense que nous sommes bien à notre place. Nous n’avions pas l’ambition, au début de ce championnat du monde, de finir première nation européenne ou autre chose. Nous avions un esprit revanchard (les Bleus avaient fini 15e du dernier Mondial), certes, mais nous prenions surtout ce rendez-vous comme un point d’étape pour évaluer nos points forts et les points à améliorer à un an des Jeux de Paris. Nous avons ainsi pu voir ce que nous devons consolider et identifier les points sur lesquels nous sommes un peu plus vulnérables. Ce tournoi est assez révélateur de nos forces et de nos fragilités. Nous sommes l’équipe qui a pris le plus de coups. Nous avons connu des blessures à tous les matches. A l’image de ce dernier match contre l’Italie, où trois joueurs majeurs étaient blessés, nous n’avons pas joué une seule rencontre avec toutes nos armes. On est sans doute la seule équipe à n’avoir jamais joué deux matches avec les mêmes titulaires.

 » Match référence contre le Brésil « 

Au-delà de cette 7e place, avez-vous apprécié la manière dont l’équipe a joué et évolué au fil des matches de ce Mondial ?

C.S : Je suis en phase avec ce que recherchait le staff. Certains diront que nous n’avons pas de système de jeu bien défini. Nous n’avons pas un jeu très lisible, avec une animation répétée sur plusieurs matches. Nous avons opté pour des schémas qui nous permettaient de voir tous les joueurs présents aujourd’hui afin de définir ceux qui pourraient nous aider selon les configurations et les aspirations des équipes adverses, dont on connaît bien la manière de jouer.

Contre l’Italie, nous avions, par exemple, fait le choix de jouer avec un seul attaquant, flottant, devant le but afin de voir si, lors des matches où nous serions amenés à subir, on pourrait compter sur un attaquant assez mobile pour transformer nos occasions sur attaques rapides. Nous étions là pour faire de courses, donc on ne crache pas sur la 7e place d’autant que nous ne sommes pas passés loin d’une qualification pour la demi-finale. Ce quart de finale contre le Brésil est d’ailleurs un match référence. Cela s’est joué à rien, le but que nous concédons étant litigieux.

Comment évolue l’adversité ?

C.S : Aujourd’hui, dans notre sport, tout le monde peut gagner contre tout le monde. Il n’y a plus de nation suprême. Preuve en est avec le Brésil, 3e de cette édition. Après avoir laissé des plumes contre nous, les Brésiliens ont perdu en demi-finale contre la Chine, elle-même battue en finale par l’Argentine. Notre discipline a beaucoup évolué, sur les plans tactique, athlétique, en termes de répétition des efforts et de vitesse de jeu. Tous les pays ont beaucoup travaillé. L’Italie, qui a terminé première du groupe de la mort, en est le parfait exemple. C’est la révélation de ce Mondial. Les Italiens, qui comptent dans leurs rangs Paul Iyobo, meilleur buteur de la compétition avec sept réalisations et un but au moins à chaque match, ont malmené tous leurs adversaires.

Quelles sont vos attentes désormais ?

C.S : Aujourd’hui, nous sommes encore un peu trop dans la peur de perdre. On a réussi à marquer à tous les matches, sauf en quart de finale. Or marquer est la chose la plus difficile. Désormais, on ne doit pas avoir peur de gagner.

« Progresser techniquement pour voir plus loin « 

Quels sont, à chaud, les axes d’amélioration observés ?

C.S : Il faut progresser sur le plan technique, sur les prises de balle. Il faut travailler les gammes. Cela passe par les entraînements de proximité, en club et individuel. Par ailleurs, on a aussi constaté que notre sport est un sport de lutte aujourd’hui. On va s’y mettre aussi, même si ce n’est pas notre style. On va devoir être plus tenaces dans les duels. Il faut progresser sur ces deux axes, étroitement liés : si nous sommes plus précis techniquement, nous pourrons éviter ces duels et ces coups. Ils sont souvent la conséquence d’un contrôle approximatif ou d’une passe mal ajustée. Si on corrige l’axe technique, on a ce qu’il faut pour être dangereux et éviter les duels. Notre style de jeu, assez illisible, embête de nombreuses nations. Personne ne sait comment on va jouer.

La France a aussi affiché de belles qualités durant ce Mondial…

C.S : Oui. Il y a notre fighting-spirit et notre mental. Les Italiens peuvent en attester. Cela fait quatre matches que nous les battons alors que nous sommes menés. Contre La Colombie (1-1) en poule, on est mené alors que nous avions eu de nombreuses occasions nettes. Pour autant, nous ne nous sommes pas effondrés. Au contraire, nous avons eu les ressources mentales pour revenir et nous passons proches de la victoire ensuite. Pourtant, la Colombie s’est qualifiée pour les Jeux en éliminant l’Iran en quart de finale (2-1).

Sur le plan du cardio, nous sommes prêts. Frédéric Villeroux, contre le Brésil, a parcouru près de 6 km, Tidiane Diakité, lui, approche les 5 km.

Comment corriger cet aspect technique ?

C.S : La technique se travaille par la répétition. Pour cela, il faut passer du temps à répéter les gammes. En 2018, on a repris un projet qui s’était complètement écroulé. On est toujours dans la reconstruction. Il faut donc se donner et trouver les moyens financiers et humains pour retrouver un vrai niveau technique. C’est du travail individuel à fournir dans les clubs, mais pas seulement. Idéalement, il nous faudrait avoir trois pôles de performances territoriaux, avec des éducateurs professionnalisés pour répondre aux exigences du niveau international et permettre aux joueurs du collectif France de s’entraîner davantage en qualité et en quantité. Les Argentins, les Brésiliens, les Chinois, les Japonais et même les Marocains ou encore les Turcs possèdent des centres d’entraînement assurant des entraînements biquotidiens, soit dix par semaine, aux joueurs de leur collectif national quand les Français n’ont que quatre entraînements spécifiques France tous les deux mois. Même si nous donnerons toujours tout pour aller au bout de nos limites, croire que l’on pourra continuer à faire de la magie ne permanence serait une erreur.

Au regard du contexte, ce Mondial apporte un élan très positif à un an des Jeux ?

C.S : On est très confiant. Gagner en maîtrise technique va nous permettre de développer plus sereinement nos projets de jeu tactiques. Ça influence toutes nos intentions. Avec de telles lacunes et des moyens si limités par rapport à d’autres nations, nous arrivons quand même à ce niveau là, donc si on corrige ce point, je suis persuadé que nous décrocherons une médaille aux Jeux de Paris. En tout cas, si on parvient à mettre en place les structures pour performer, on se donnera un maximum de chances de parvenir à retrouver un podium aux Jeux.

Le parcours de l’équipe de France

Poule qualificative : Mali – France : 0-6 ; Colombie – France : 1-1 ; France – Espagne : 4-2. Quart de finale : France – Brésil : 0-1.

Matches de classement : France – Japon : 0-2. 7e place : France – Italie : 2-1.

Demi-finales. Argentine – Colombie : 3-1 ; Chine – Brésil : 0-0 (2-0p).

3e place : Brésil – Colombie : 7-1.

Finale : Argentine – Chine : 0-0 (2-1p).

Classement. 1. Argentine, 2. Chine, 3. Brésil, 4. Colombie, 5. Japon, 6. Iran, 7. France, 8. Japon, 9. Thaïlande, 10. Maroc, 11. Allemagne, 12. Espagne, 13. Angleterre, 14. Mexico, 15. Turquie, 16. mali (forfait général).

La sélection française :

Alessandro Bartolomucci (Précy/Oise), Benoît Chevreau (gardiens)

Frédéric Villeroux (cap, SA Mérignac), Martin Baron (Bondy CC), Yvan Wouandji (Saint-Mandé), Khalifa Youmé (Précy/Oise), Babacar Niang (Toulouse FC), Tidiane Diakité (Bondy CC), Mickaël Miguez (SA Mérignac), Hakim Arezki (Bondy CC).